Commandé par René de Savoie, oncle de François Ier, au début du XVIe siècle, le château de Vaugrenier, situé à Villeneuve-Loubet, jamais achevé, vient d’être réhabilité pour la location saisonnière.
Des années de travaux et plusieurs milliers d’euros ont été nécessaires pour consolider, réhabiliter, restaurer cet édifice unique, classé monument historique en 1992. Témoin de pierre d’une histoire locale qui remonte à la Renaissance.
Sa propriétaire, Nadège Le Lédan, a poursuivi les travaux lancés dans les années 1990 par sa mère, la comtesse Elisabeth de Vanssay, marquise de Panisse.
Pour comprendre comment a été imaginée et conçue cette grande bâtisse, la famille a consulté des experts et s’est plongée dans la généalogie pour remonter le fil de l’histoire familiale.
La construction de ce qui était probablement destiné à devenir un pavillon de chasse a été ordonnée par René de Savoie, oncle de François Ier (sa demi-sœur était la mère du roi de France) et époux d’Anne de Lascaris. Tous deux vivaient alors au château de Villeneuve.
L’ESCALIER ET SA TERRASSE JAMAIS RÉALISÉS
Entrepris en 1516, les travaux auraient été interrompus vers 1520. Et définitivement abandonnés en 1525, à la mort de René de Savoie, gravement blessé lors de la guerre d’Italie, qu’il a menée aux côtés de son neveu François Ier.
L’entrée principale devait se faire à l’étage, via l’ouverture surmontée d’un fronton à œil-de-bœuf, à l’intérieur duquel devaient probablement être gravées les armes de la famille.
« Une terrasse était prévue avec un escalier pour y accéder. On le sait grâce à la position de cette fenêtre centrale, plus basse », détaille Nadège Le Lédan.
En 1650, Anne de Lascaris vend la propriété à un lointain cousin, Nicolas de Sève, de la famille Du Laurens.
La chapelle, de style baroque, située à l’étage, aurait été construite au XVIIe siècle, par son descendant, Jacques Du Laurens, qui aurait fait du château de Vaugrenier sa maison de campagne. Un enfant serait né et baptisé ici.
Au XVIIIe siècle, lors d’un procès retentissant entre le seigneur de Villeneuve et le seigneur de Vaugrenier, son vassal, la propriété change de main.
« Contraint de verser une redevance à son seigneur, César de Panisse, Du Laurens lui aurait abandonné les terres et le château », raconte la propriétaire.
MAÏS, BLÉ, ORGE ET VERS À SOIE
La propriété devient alors une exploitation agricole. Jusque dans les années 1960, on y cultivait le maïs, le blé, l’orge. Il y avait des mûriers, des vers à soie, des moutons. Au XIXe siècle, une étable et une bergerie sont construites à l’arrière du château qui, lui, a hébergé des générations de fermiers et cultivateurs.
Jusqu’à ce que l’A8 coupe la propriété en deux et que le Département exproprie les terres comprises entre l’autoroute et la mer pour en faire le parc départemental de Vaugrenier.
L’étable et la bergerie ont été rénovées il y a plusieurs années et sont louées à des particuliers pour l’organisation de réceptions (mariage, baptêmes, conférences…)
Les chambres, salles de bains, cuisines et salons, qui viennent d’être restaurés dans le château, seront meublés et loués dans le courant de l’été. Ils seront destinés à accueillir la propriétaire lors de ses séjours sur la Côte d’Azur, ou loués aux mariés ou invités par exemple.
POURQUOI A-T-IL FALLU TANT DE TEMPS?
Pour des raisons administratives, car qui dit monument historique dit avis de la direction régionale des affaires culturelles (DRAC). De plus, le chantier a connu des déconvenues.
« En 1991, ma mère Elisabeth de Vanssay hérite de la propriété et décide de la restaurer,explique Nadège Le Lédan, la propriétaire du château. La charpente, remplacée en 1995 par une structure métallique, a dû être reprise une seconde fois. Elle a ensuite fait refaire la façade ».
Les fenêtres, qui avaient été pour partie bouchées, sont rouvertes. La bergerie, les bâtiments agricoles sont transformés en accueil, sanitaires, vestiaires, grande salle de réception.
« Ma mère a ensuite créé les parkings, les bassins. Elle est décédée en 2005. Avec mon père, nous avons décidé de nous attaquer à l’intérieur. Mais la façade se lézardait. Nous avons consulté des experts qui nous ont dit que le château était en train de s’ouvrir en deux, se souvient Nadège Le Lédan. Si l’escalier initialement prévu avait été construit, il aurait peut-être permis de tenir l’ensemble. En ouvrant les fenêtres, on a aussi peut-être fragilisé le château ».
Des études techniques et scientifiques sont menées. Des experts injectent un produit sous pression dans les espaces vides. Ces travaux de consolidation ont duré entre 3 et 4 ans.
https://www.nicematin.com/vie-locale/lincroyable-histoire-de-la-renovation-du-chateau-de-vaugrenier-construit-il-y-a-500-ans-mais-jamais-acheve-392146